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la mauritanie d'hier à aujourdhui
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11 mars 2008

Evolution des rapports entre Maures et Soninké au Guidimakha

Cher internautes je suis flatté par l'interet que portiez  sur l'intitulé de mon modeste travail que je vous avez soumis.bon nombre d'entre vous etiez pressé de voir ce travail. comme j'aime le suspens je vous le ferais suivre chapitre par chapitre j'usqu'à la fin bonne lecture à vous tous et comme je lai remarqué mon mail semble corrompu car depuis un certains je ne reçois plus de mail  on va regler ça en attendant je vous invites à plonger dans l'univers de Soninké.

INTRODUCTON

Dans l’histoire générale de la Mauritanie, le Guidimakha présente une particularité grandissante en ce sens qu’il a vu se succéder sur ses terres toutes les dominations des populations diverses culturellement, socialement et politiquement différentes.

L’étude des rapports entre Maures et Soninké au Guidimakha est une question très délicate et très sensible. Elle s’étale sur plusieurs siècles, au cours desquels des mutations très profondes furent faites, de nature à homogénéiser la vie d’ensemble des différents groupes soninké.

Ainsi en entrant dans le vif de notre travail, il nous a paru fort utile qu’une connaissance précise de la région et des réalité historique liées aux grands mouvements d’ensemble qu’ai connu la sous région. Et pour mieux saisir l’objectif que nous  nous sommes fixé, il importe d’aborder le travail dans un cadre beaucoup plus vaste, en tenant compte du développement économique  intervenu dans la sous région et les facteurs qui ont conduit aux mouvements de ruées sur tout le territoire du Guidimakha.

Ainsi, le travail fut scindé en quatre parties d’inégale importance. La première partie est essentielle pour la compréhension du reste du sujet. Elle comporte deux chapitres au bout desquels, nous retracerons le tableau général du pays, en partant du cadre physique au cadre humain.

La deuxième partie fait état de l’évolution chronologique des rapports entretenus par les Soninkés et des éléments étrangers. Le premier chapitre relatera les premiers contacts conflictuels entre les soninkés et les berbères, leurs continuations vers les falaises du Tagant jusqu’aux crêtes rocheuses de l’Assaba, ainsi que  de l’infiltration des Arabes  et de la descente des soninkés vers le sud. Ensuite nous évoquerons la domination des Bambara Massassis (1808-1850) dans ses grandes lignes. Et finalement nous allons évoquer le Guidimakha pendant le djihad Omarien (1854-1891).

Le deuxième chapitre de cette partie portera sur la domination des Idouîsh (1870-1891) nous avons  jugé utile de présenter le pays et ses hommes  et l’affirmation de la domination Idouîsh et leurs agissements sur les populations soninké.

La troisième partie sera menée sous l’angle de l’occupation coloniale  française  (1891-1960). Nous avons entrepris d’étudier les transformations intervenues dans les rapports entre les différentes populations Maures et Soninké.

Le premier  chapitre de cette partie fut consacré à la conquête du pays, en passant par l’évocation des mobiles et les différentes phases de pénétration. Ensuite nous aborderons l’évolution des rapports entre Maures et Soninké, allant de l’occupation à la pacification de la région (1893-1910) et nous passerons en revue la nature et  les modes d’organisations des bandes maures.

Enfin ce chapitre sera clos par l’énumération des crises internes entre les populations soninké du Guidimakha et les tentatives de rapprochement qui ont lieu au moment de la lutte contre l’occupation française dans la région.

Le deuxième chapitre sera consacré à l’étude des rapports entre soninké et maures de la pacification de la région, à la veille de l’indépendance de la Mauritanie (1910-1960).nous traiterons aussi les modifications sensibles qui intervinrent  dans les sociétés traditionnelles, les tentatives de rapprochements nécessités par le nouvel ordre établi par la volonté des colons, ainsi que les assimilations et brassages contractés entre les Soninké et les Maures.

Enfin  la quatrième partie de ce modeste travail, relatera les rapports économiques, fonciers et religieux entre les différentes communautés de la région.  Cette partie comportera trois chapitres, traitant chacun  spécifiquement l’un des domaines cités ci-dessus.

Dans le premier chapitre, on se force de présenter les ressources de la région, la nature et les différentes formes des échanges commerciaux entre les Soninké et les Maures.

Dans le second chapitre, la question foncière est mise en avant  ou l’on résume les formes d’acquisition des terres  et la conception foncière, les litiges fonciers et les accords  passés dans ce domaine entre les deux communautés.

Enfin dans le troisième et dernier chapitre de travail, nous allons aborder les facteurs religieux  et de son influence sur la vie d’ensemble des différentes communautés du Guidimakha.

Premier partie : Présentation générale du Guidimakha

La délimitation de ce qui est convenu d’être appelé ancien Guidimakha, semble encore problématique. Dans les différentes études consacrées à la région, il engloberait les hautes terres de la Mauritanie centrale comme le suggère ce passage. « Les Soninké occupaient jadis les plaines et les montagnes de la Mauritanie centrale (Assaba, Hodh, Tagant et même de l’Adrar) »[1]

Déjà dans une monographie du cercle du Guidimakha de F.M Colombani, datant de 1912, nous pouvons lire « il faut dire que le Guidimakha fut le nom donné au pays, qui, du fleuve Sénégal entre Gandé et Kayes, s’étant vers le nord jusqu’aux montagnes de l’Assaba. L’ancien Guidimakha se trouvait inséré entre les massifs que forment la barrière sud des montagnes du Tagant et les ramifications de l’Assaba qui se détachent de ce massif aux environs du passage de Louth et dirigent vers le sud-est. »[2] 

Etymologiquement le nom Guidimakha dérive de l’association de deux expression. Celui du massif de l’Assaba « Guidé » en soninké et celui du premier soninké migrant dans cette zone Makha Malé Douo SOUMARE. D’où l’expression qu’utilise nt les griots pour louer les SOUMARE : »guidé soninké fana Makha Malé Douo SOUMARE. »

A la suite de la création du poste de Kiffa et l’organisation de la région du Rgueiba, le Haut Sénégal Niger s’est étendu aux zones d’influences dans la limite prévue par l’arrêté du 20 juin 1905, les limites des zones d’action de la colonie du haut Sénégal Niger et de la Mauritanie furent reconstituées comme suit :

Au Nord, la crête rocheuse partant de Louth et qui se dirige vers l’est en passant par Ain Fogh, crête qui sépare le Rgueiba du cercle du Tagant.

Au Sud, une ligne partant de Louth, suivant la partie sud du massif de l’Assaba jusqu’au marigot Karakoro.

En définitif la zone d’action politique, judiciaire et administrative dévolue à la résidence du Guidimakha se Bornait ainsi

A l’ouest, le marigot Djimini auquel fait suite une ligne passant par le  mont Oua-oua, Artoumou, Bouanze et aboutissant au passage de Soufa, situé dans L’Assaba, au nord du village de Ndieo. 

Au Nord, une ligne partant de Soufa, suivant la crête du mont Kamedi et aboutissant au marigot Karakoro en face du village de Sélefeli.

Au Sud la région est limitée par le fleuve Sénégal.

A l’Est le marigot Karakoro sert de frontière avec le Mali.

Administrativement, le Guidimakha est la dixième région de la Mauritanie, avec Selibaby comme principale ville A  la fois siège administratif, Selibaby est le centre des départements que sont Khabou, Gouraye et Wompou.

A-     Le Relief

Le Guidimakha  est pays de collines dans sa partie nord, les élévations rocheuses qui accidentent cette région sont la suite des monts de l’Assaba, qui se détachent des contreforts montagneux de la barrière sud du Tagant et se dirigent  vers le sud-est jusqu’à l’extrémité du mont  Takhadé. A celle-ci s’ajoute la crête rocheuse de Soufa,  ceux de Ndieo et  de Djibali pour n’en citer que celles-ci.

Du nord au sud, nous partons des falaises de l’Assaba qui occupent presque toute la partie nord vers la pénéplaine qui  descend au sud avec des émergences de collines de grés quartzite donnant quelquefois des plaines de schistes antécambriens.  A l’est nous avons d’importants recouvrements dunaires, particulièrement au environs du Karakoro et des plaines de l’Assaba.

B-      Le climat

Du point de vue climatique, la région est soumise à un climat très variable. L’année est scindée en deux saisons nettement distinctes : de fin octobre à fin juin c’est la saison sèche, le reste de l’année correspond à la saison pluvieuse. Les premières pluies tombent dans la première quinzaine de juillet à septembre. Durant la saison sèche, les chaleurs peuvent facilement avoisiner les 45° à  l’ombre et les minimas oscillent entre 20° et 25°. La courte saison fraiche correspond aux mois de décembre à fin janvier, avec des températures allant de 09° à 10° la nuit et de 20° 25° la journée.

C-      Le réseau hydrographique

Le fleuve sénégal et ses affluents constituent l’ossature essentielle du réseau hydrographique. En effet, le fleuve sénegal longeant la frontière sud de la région est le seul cours d’eau permanent. Navigable sur prés de 1700 km, ce fleuve prend sa source dans les falaises du Fouta-Djalon et jette dans l’océan atlantique au niveau de Ndiago localité située prés de Rosso. A ce cours d’eau s’ajoute ses deux principaux affluents que sont le margot Karakoro, prenant sa source dans les monts Assaba et qui descend dans la partie Est de la région. « Il forme la frontière avec le Mali, suivant une direction largement orientée vers l’est, puis forme la limite orientale de la région et se jette dans le fleuve Sénégal au niveau de Khabou, à la pointe sud du Guidimakha. »[3]  L’oued Garfa constitue le second affluent principal .prenant aussi sa source dans les montagnes de l’Assaba au environs de Ndieo. Il longe la frontière ouest du Guidimakha pour aller se jeter dans le Sénégal au niveau de Maghama.

D-     La faune et la flore

La végétation et la faune sont soumises aux conditions aux conditions climatiques. Elles varient selon ces conditions et par conséquents selon l’altitude. La végétation présente une variété de grands arbres touffus et des bouquets plus ou moins clairsemés. Elle donne à ces différentes régions les aspects successifs de pays boisés ou semi désertiques.

La faune est caractéristique de celle des régions sahélo-sahariennes. Les animaux des régions désertiques voisinent avec les hôtes de la grande brousse. Cependant cette faune et flore n’ont pas échappées aux aléas climatiques et elles ont connu une détérioration  progressive qui continue encore de mos jours.

Chapitre II : Les Hommes

Pendant plusieurs siècles, des vastes mouvements de populations d’origines diverses et aux réalités historiques diverses se sont succédés et entrechoqués dans les sens nord-sud et est-ouest sur les hautes terres de la Mauritanie centrale et progressivement vers la vallée du fleuve Sénégal.

Ainsi des la fin du XIXé siècle, le tableau de la population qui commença à se dessiner entre le XIé et le XIIé siècle s’impose plus nettement, à tel point qu’à partir de la deuxième moitié du XXé siècle, le Guidimakha fut une figure représentative de la Mauritanie, en  ce sens qu’il regroupe sur ses terres toutes les couches sociales qui, séparées par des liens historiques, seront progressivement liées par des ressemblance sensibles dans leur structures politiques et sociales en dépit des structures religieuses qui leurs sont déjà  communes.

A-     Les Soninké

Nous peu renseigné sur les origines lointaines des Soninké. Les sources écrites et les légendes nombreuses recueillies à ce sujet, les considèrent tantôt comme descendants de Perses, tantôt comme descendants des djinns (génies). Cependant « il serait trop long de rappeler les légendes nombreuses qui entourent les premiers âges de la race Sarakolé dans lesquelles, se manifestent des interventions des Djinns, de corbeau et des serpents à plusieurs tête… »[4]  Ce qu’il faut retenir c’est toutes les traditions recueillies auprès des différentes familles Soumaré, Diabira, Kamara, et autres (Cissé, Gassama, Dramé, Diawara…) qui se réclament  soninké, rattachent leurs origines à cette entité connue sous le vocable de Wagadu-glana.

Les traditions soninké du Wagadu nous apprend que le groupement connu chez eux sous ce nom de soninké précisément fut formé à l’origine par des Wagué (pluriel Wago), qui exerçaient des pouvoirs sur une partie des karé (pluriel Karo), gens libres ou affranchis qui s’adonnent à la culture du sol et d’autres part des Kussé (pluriel kusso), ensemble des individus de condition servile(…) »[5]

Des auteurs comme C. MONTEIL et M. DELAFOSSE affirmaient que « des une époque très ancienne, vers 200 avant JC, au plus tard des  soninké partis de Diaga (delta central du Niger) s’avancèrent vers le nord-ouest et allèrent fonder des colonies agricoles dans des régions ou se trouvèrent aujourd’hui Bassikounou, Néma et Oualata faisant ainsi de Diaga le berceau primitif de l’habitat soninké »

D’autre part Il en ressort des conclusions de Munson interprètes par le professeur Abdoulaye BATHILY, que vers le IIé millénaire avant J.C, les proto-soninké constituaient l’essentiel du peuplement noir de l’Adrar, du Tagant, du Hodh et l’Awkar. C’est à partir de cette zone que des groupes ont du franchir le 15é  parallèle et allèrent fonder au Sud différent état, dont Wagadu dans le Baxunu ou ils ont fusionné avec les populations autochtones. Dans son ouvrage les portes de l’or, A BATHILY écrivait « qu’on peut supposer raisonnable que des le milieu du premier millénaire après J.C il existait quatre foyers de peuplement (…) dans le Sahel : le Wagadu (pays des Wago), le Karta (pays des Karo), le Gajjaga (pays des Gaja), le Guidimakha… »[6] 

Quoi qu’il en soit de la fiabilité de ses thèses , il est tout de même incontestable de dire que les Soninké furent les maitres incontestés de ce qui fut l’un des plus grands ensembles politiques et socio-économique qui marqua  la sous région par son organisation et sa prospérité à savoir le royaume de  Wagadu-ghana. L’ascension économique et politique du Wagadu lui conféra une renommée quasi légendaire dont les traditions orales et les sources écrites se font l’écho.

Mais tous les grands ensembles politiques, le Wagadu, après ses grandes épopées remplies de gloire et de succès, allait connaitre des troubles à partir de la fin du XIé siècle. Cette période sera caractérisée par de nombreuses luttes endémiques, qui auront pour conséquences des modifications très profondes sur la géopolitique  du l’ensemble de la sous région.

Quand aux raisons de la dislocation de l’empire du Wagadu de nombreuses thèses variées et souvent contradictoires se bousculent.  Seule leur conjonction et une étude comparative nous permettra d’établir une synthèse objective. Plusieurs versions furent ainsi avancées. Nous avons entre autres raisons les incursions Almoravides entre 1076 et 1077, la légende du Bida (serpent totem du royaume) qui occupe dans les traditions soninké une place considérable, voir même la principal cause des bouleversements qui ont affectés le royaume.. Il y’a aussi les crises internes suscitées par les ambitions de différents prétendants au trône, aggravées par l’absence de politique de succession fiable. A ces causes, le facteur climatique peut être aussi déterminant si l’on se refaire au mode de vie des soninké dans lequel l’agriculture occupe une place très importante. Ce qui nous laisse dire que le desséchement progressif des zones habitées ne pouvait qu’entrainer une migration vers des nouvelles zones plus propices à l’activité agricole

Par ailleurs les hautes terres du Guidimakha furent une zone de refuge et de transition pour différents groupes d’agriculteurs et de pasteurs qui cherchaient à évoluer indépendamment  hors de la portée des ambitions d’islamisation des almoravides  et des velléités hégémoniques des nouvelles entités  sociopolitiques émergentes.

Ainsi le Guidimakha doit donc son peuplement actuel à trois de vagues de migrations distincts bien connues. Les sources écrites disponibles et les récits des traditionnistes soninkés sont  convergents et font de Makha Malé Douo Soumaré le premier soninké arrivé sur les hauteurs du Tagant et de l’Assaba. Il cohabitait avec d’autres clans, que sont les Sibi, les Fofana, les Dabo etc. leur principal habitat était « Ka Biné (maison noire).

La seconde vague était composée de Kebinko (les Diabira) et leurs alliés rejoignirent Makha Malé et sa suite sur les falaises de l’Assaba. Ce témoignage recueillis nous éclair sur les relations entre ces deux premiers vagues et sur les t étapes de leur migration sur les hauteurs de l’Assaba et du Tagant.

« Les Soumaré, en quittant Wagadou, allèrent s’installer dans l’Assaba ou ils cohabitèrent un certain moment avec les Peuhl Diawonko. Mais la montagne était hantée par des mauvais et sachant que leurs alliés Kebinko étaient réputés dans les croyances occultes et le fétichisme, ils les invitèrent de venir s’installer auprès deux pour rendre leurs nouvelles habitations plus accueillantes. Ainsi ces Kebinko dans leur périple, fondèrent des localités nommées Biru et Bambi Gilu (les grottes géantes)[1]

La troisième vague de migration soninké menée par les Kamara à leur tête Gané Wali Kamara. Cette migration est en parti liée aux événements qui ont en marqué la sous région vers l’an 1240. En effet en ce moment, Gané Kamara chef guerrier qui s’illustra bravement par les nombreuses défaites qu’il infligea aux ennemis de Soundjata Keita.

Fort de sa notoriété grandissante Gané Kamara se proclama chef avec  999 guerriers à sa solde. Face la montée en puissance de Gané, Soundjata Keita mis son armée en déroute, le contraignant ainsi de fuir la région et le livre en quête d’une nouvelle terre d’accueille. Son périple le conduit à Garala d’ont il s’empara avant de rejoindre les Soumaré dans l’Assaba. La cohabitation entre les différents groupes durera pendant un certain moment. Ils fondèrent ainsi plusieurs localités dont les plus ressentes avaient comme noms Bouly, Sakha, Djadji Biné, Ndieo. Quant aux plus anciennes agglomérations qui ont disparues nous pouvons citer Gandji, Bambi Guli, Sanda, Sandjara, Wolo etc. Tous ces villages étaient construits à proximité des sources d’eau permanant, indispensables aux besoins des populations.

La double originalité (zone d’accès difficile contres les excursions des bandes maures et aussi zone de transition entre la partie nord et sud de l’actuel Mauritanie) qui caractérise les hautes terre de la Mauritanie centrale (Assaba, Tagant) fut mainte fois évoquée et semble à nos yeux être une explication parmi tant d’autre pour justifier le choix des Migrants de faire de ces lieux le tremplin vers leurs agglomérations actuelles.

Quand aux raisons de la descente des Soumaré vers la vallée du fleuve Sénégal. Plusieurs raisons furent avancées, parmi lesquelles, les descensions internes occupaient une place importante.

D’abord à la suite du mariage de Gané avec une des filles de Makha Malé en la personne de Djeneba Makha entraina une scission au sein du clan des Soumaré. Une partie du clan entrepris alors leur descente vers les rives du fleuve Sénégal. A cette crise, s’ajoute sans doute le facteur démographique, climatique mais également l’attrait du commerce européen sur le fleuve.

Les Soumaré, les Diabira les Sibi les Cissé entre autres créèrent ainsi les villages de Moulezimo, Waoundé, Diaguily, Harr, Wompou, Sangné-Bana, Toulel etc. quelques années après la descente des Soumaré et des Diabira, ce fut aux Kamara d’entreprendre le mouvement. Ils occupérent la rive nord du Kara-Karo d’où ils fondèrent plusieurs villages. D’autres membres du groupe fondèrent des villages sur la partie qui regroupe le cercle de Selibaby.

L’organisation politique et sociale des différents groupes Soninké est l’héritage de leur passé prés coloniale. Sur le plan politique, le pouvoir était exercé au niveau du village par un chef issu du clan dirigeant, appartenant lui-même à l’aristocratie guerrière. Il se nommait Tounka. Il gouvernait avec un conseil des ainés composé de notables, parents et allés de statu libre « Horo », de clients « Nyaxamala » et des esclaves de confiance « Komo-khoro »

Cependant pour ce qui concerne le Guidimakha, la notion de Tounka s’est limitée au niveau de leurs séjours dans l’Assaba et au Tagant. Cette réalité est mentionnée par J H Saint Père lorsqu’il écrivait que pendant quarante ans le Tounka fut Makha Malé Douo Soumaré. Il commandait aux Soumaré et aux Diabira qui formaient cinq villages. Et lorsque les Kamara chassés de Nouameline par des Maures vinrent se fixer au Guidimakha. Ils respectèrent Makha Malé Douo Soumaré, mais n’obéissent qu’à Gané Kamara, le Tounka-Khoré (grand Tounka) tandis que Makha Malé devint le Tounka-tougouné (petit  Tounka). Cette révolution se fait pacifiquement. Les Kamara, les Gassama-Gandega, les Cissé, les Diabira et les Sokhona acceptèrent l’autorité du roi Gané. Ils vécurent ensemble des centaines d’années et les coutumes particulières à chaque famille se confondirent et ne forment qu’une seule coutume : la coutume Sarakolé »[2]

Mais nous sommes amené, suivant les conclusions que nous avons tirées de nos investigations sur la question, de réfuter en parti cet état de fait que Gané fut le Tounka-Khoré et Makha Malé le Tounka-tougouné. En aucun cas une telle organisation politique ne fut évoquée pendant les multiples témoignages que nous avons recueillis.

Dans un premier temps, nous constatons que le récit unilatéral de J H Saint Père fut recueilli auprès des familles Kamara. Et d’autres part, en parlant de l’uniformisation de la coutume Sarakolé, il résulte de l’incompréhension des degrés de rapprochement qui ont lié et lient encore les différents groupes soninké. En réalité des pactes d’alliances ont existé  ainsi que des serments de fidélités. A travers ces pactes une certaine uniformisation semble apparaitre entre les différents groupes concernés. C’est dans cette optique que les Diabira et les Soumaré et plus tard les Khassonko, marcheraient ensemble en cas de nécessité et contractent ensemble un même pacte de sang.

Les Kamara de leur coté pactisent avec les Gandega et les Cissé. Ils s’assistent mutuellement en cas d’attaque contre l’une des partie et se partagent les amendes qui pourraient infligées aux membres d’un des  clans.

Cependant après la constitution du Guidimakha dans ses limites actuelles, hormis l’imposition de Ali Diadié Kamara, par les autorités coloniales et la tentative d’investiture Goudia Bathily comme chef de canton au Guidimakha, il demeure infondé de parler d’un chef unique auquel doit obéissance l’ensemble du groupe Soninké.

La réalité est qu’au Guidimakha, le pouvoir était limité à l’échelle du village avec à sa tête le Debé-Gumé (chef du village). Il dirige quasi indépendamment son village vis-à-vis des autres villages

L’organisation politique et sociale des différents groupes Soninké est l’héritage de leur passé prés coloniale. Sur le plan politique, le pouvoir était exercé au niveau du village avec un chef dirigeant issu du clan dirigeant, appartenant lui-même à l’aristocratie guerrière. Il se nommait Debi-goumé. Il dirigeait avec un conseil des ainés composé de notables, parents et allés de statu libre « Horo », de clients « Nyaxamala » et des esclaves de confiances « Komo-khoro « 

Cependant pour ce qui concerne les Soninké, la notion de Tounka s’est limitée au niveau de leurs séjours dans l’Assaba et au Tagant. En réalité après la constitution des agglomérations qui forment aujourd’hui l’habitat Soninké, le pouvoir ne dépasse guerre le cadre du village. Le chef de village est le représentant le plus âgé de la famille dirigeante. C’est une sorte de gérontocratie dans laquelle le chef de village est assisté par un conseil de sage issu des familles de conditions libres ou tributaires. A l’échelle de la maison, la cellule familiale est aussi soumise à ce même mode de gouvernement ou c’est toujours le doyen de la famille qui détient ce monopole : le Ka-goumé.


[1]  Propos recueillis auprès de Fode Diara Keita à Nouakchott le 13 juillet 1998.

[2] J H Saint-Père. Les Sarakollé du Guidimakha. Paris Larose 1925 p 6

.

[1] S. DAVEAU & C. TOUPET : Ancien terroir gangara bull Ifan série n°3-4  1963 p210.

[2] F.M COLOMBANI : Monographie du cercle du Guidimakha décembre 1912. ANS 10D5/1 p 4.

[3] P BRADLEY Le Guidimakha mauritanien : Diagnostic et proposition d’action. War on wont  1977 p 5.

[4] F M COLOMBANI idem 1912  p 47

[5] V MONTEIL : Mélange ethnologique : Légende du Wagadu et origine des soninké. Mémoire de l’IFAN   1953    p 5

[6] A BATHILY :Les portes de l’or. Le royaume  de Galam de  l’ère musulmane au temps des négriers VIIIé-XVIIIé siècle  Harmattan 1989  p 76


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Commentaires
K
les derniers villages soninké du guidimakha sont tassota (bérané et botokholo) qui ont été installés en 1942.
K
makha malle n a jamais ete tounka tougoune rectification
K
Bonsoir
H
Bonjour, <br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais savoir quel est le dernier village soninke à installer dans la région de Guidimakha en Mauritanie , s'il vous plait ?<br /> <br /> <br /> <br /> Cordialement <br /> <br /> <br /> <br /> Harouna
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