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la mauritanie d'hier à aujourdhui
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21 janvier 2007

hommage à Daouda Amadou Sow

Hommage à Daouda Amadou Sow

Mes pensées vont tout droit a la famille du feu Daouda Amadou Sow, tombé sous les balles de la police mauritanienne dans la soirée du jeudi 20 janvier  2005. Ce brave garçon qui avait l’avenir devant lui a été exécuté par des policiers corrompus qui cherchaient à leur soutirer de l’argent en usant du pouvoir que leur confère la tenue. Par cette journée du 21 janvier je ne pouvais m’empêcher de lui rendre hommage. Et en dépit de leur crime les policiers ont cherché de salire la mémoire du jeune homme en le faisant passer comme criminel. L’heure ne laisse pas place à la colère mais je vous laisse lire le ou relire pour certains d’entre vous le témoignage du père de la victime Amadou Bilaly Sow recueillis par boubacar Messaoud.

Toute ma pensée pour sa famille en ce jour de triste anniversaire

Nouvelle « bavure » meurtrière à Nouakchott

Audition de Monsieur Amadou Bilali SOW, père de la victime, par Boubacar Messaoud, Président de SOS Esclaves..

Le vendredi dernier 21 janvier 2005, nous avons appris qu’un jeune homme avait été tué, par balle, à Arafat ; l’association s’est aussitôt mise à la recherche des parents du défunt ; aux premières nouvelles, l’auteur de l’acte mortel serait un agent de police.

Accompagné de monsieur Mamadou Sarr, secrétaire exécutif du Forum des Organisations Nationales des Droits de l’Homme (FONADH qui compte 14 ONG non autorisées) Boubacar Messaoud, Président de SOS Esclaves finit, le  samedi 22 janvier 2005, par trouver,  vers 23 heures, la maison endeuillée et le père de la victime, Monsieur Amadou Bilali SOW, un gendarme retraité; voici, dessous, la substance de sa relation des faits relatifs à la mort de son fils, le vendredi 21 janvier vers 4 heures 30 du matin.

« Mon fils Daouda Amadou SOW, avec des amis, était, le jeudi soir tard, dans un salon de coiffure, au secteur IV du département de Arafat ;  vers 4 heures, trois d’entre eux sont sortis, pour aller chercher du pain. Ils furent arrêtés par des policiers en civil, dans une Toyota Carola ; après l’interpellation, les gardiens de l’ordre voulurent embarquer les jeunes gens, vers le poste de police, si ceux-là ne payaient pas, chacun, une amende de 1500 ouguiya (UM). Les jeunes ont déclaré ne pas disposer de cette somme mais assurèrent les policiers qu’une fois revenus au salon de coiffure, ils pourront trouver de quoi payer la somme requise. Ils sont ainsi montés dans la voiture, avec les policiers, qui les conduisirent jusque devant la porte du salon de coiffure ; là, l’un des jeunes est entré un instant ; à sa sortie, il expliqua n’avoir pu obtenu que 500 UM.

Les policier ont réagit vivement. Ils se plaignaient d’avoir été « déplacés pour rien », estimant que les jeunes se moquaient d’eux. Entre temps, Daouda Amadou était sorti du salon de coiffure, pour rejoindre les trois amis toujours retenus par les policiers,  à ceux-ci, il demanda de quoi il s’agit.

Les policiers, irrités par sa présence, considérèrent que son intervention constituait un signe d’arrogance ; ils lui intimèrent l’ordre de monter, dans la voiture, avec les autres. Daouda, qui est un matelot dans la marine nationale, présenta sa carte professionnelle ; les policiers le firent descendre et lui  dirent alors qu’il doit rester hors de tout cela. Il insista, pour leur demander l’endroit où ses amis seraient conduits et fit remarquer que les agents agissaient en tenue civile, dans un véhicule dépourvu de toute identité professionnelle. C’est alors que le conducteur de la voiture demanda, aux deux autres policiers, de rester sur place pour garder les jeunes gens, pendant que lui irait en quête de renforts. 

Après le départ du véhicule, tous les jeunes qui étaient à l’intérieur du salon de coiffure – leur nombre demeure inconnu - sont sortis dans la rue ; les policiers, pris d’inquiétude, tirèrent en l’air, ce qui provoqua la panique parmi les jeunes qui se dispersèrent, en courant, à travers les ruelles du quartier.

Daouda est allé dans la même direction que deux autres garçons, lesquels s’étaient engouffrés dans le domicile du dénommé Guéda M’Bareck N’DIAYE. Daouda y entrait le dernier ; au moment où il refermait derrière lui la porte de la concession, le tir du policier qui les poursuivait l’atteignit, mortellement, à la poitrine ; la balle est entrée par le côté droit et est ressortie du côté gauche. Daouda est tombé, juste devant la porte de la chambre de Marième Bidane, l’une des épouses de Guéda M’Bareck et dont le fils fait partie du groupe de jeunes fuyards. C’est Fatimata Samba, co-épouse de Marième Bidane qui est venu avertir les parents de Daouda. »

Toute la famille s’est rendue sur les lieux. Le père a, tout de suite, constaté que Daouda est décédé ; la suite a de quoi étonner : les policiers se présentèrent à la porte du domicile, où l’homicide a eu lieu, pour demander : « que les voleurs qui viennent d’entrer dans cette maison sortent ! » A quoi, la maîtresse de maison répondit : « il n’y a pas de voleur ici mais seulement la personne que vous venez de tuer. » Les policiers sont immédiatement repartis.

Le père, constatant le décès, s’est rendu au commissariat de police N°1, qui est le plus proche, pour informer la police et porter plainte contre l’auteur du crime ; le chef de poste  lui dit que la  « patrouille » incriminée ne provient pas du  commissariat  N° 1 ; en conséquence de quoi, il fallait chercher les auteurs ailleurs. Aussi, Monsiur Bilal Sow se rendit-il au second commissariat du département, qui se révéla être celui des policiers en question. Il s’avère alors qu’ils opéraient dans un secteur ne relevant pas du  commissariat N° 2, auquel ils appartiennent.

Il a fallu attendre, plusieurs heures durant, l’arrivée du commissaire de permanence. Il est venu, vers 7 heures, le vendredi ; auparavant, trois policiers en civil et l’officier de permanence visitaient les lieux, dans une camionnette Toyota de la police.

Le commissaire de permanence a ordonné de déposer les témoins (quatre, parmi le groupe de jeunes, se sont portés « volontaires », sur la demande des policiers) au Commissariat Central et de transporter le corps à l’hôpital. C’est ainsi que la corps a été chargé et 4 jeunes témoins, enfermés au Commissariat Central ; les policiers ont continué,  avec la dépouille mortelle, en direction de l’hôpital national.

Le père de Daouda souligne que, le médecin, sans faire descendre le corps, est monté dans le véhicule camionnette de la police, pour examiner le corps ; il s’est alors exclamé, parlant du policier, auteur de l’homicide : « C’est un bon tireur ! Il n’a fait que son devoir, il y a un de moins. »

Suite à ces propos offensants et dans l’espoir de trouver plus de compassion ailleurs, le père décida d’aller informer la brigade mixte de gendarmerie, où le commandant, après avoir fait sa prière du matin, l’écouta attentivement, lui établi une réquisition et l’accompagna à l’hôpital ; après avoir examiné le corps, à son tour, il conseilla au père d’attendre l’arrivée du procureur de la république ; ce dernier ne vint que vers 10 heures 30, après la grande prière de l’Aïd El Kebir. Il était accompagné du commissaire de permanence et des mêmes policiers en civil.

Lorsque le procureur finit d’examiner le corps, le chef de poste du Commissariat  N°2 d’Arafat - l’un des trois policiers en civil - fit remarquer que le procureur doit également examiner la blessure du policier tireur, répondant au nom de Sid’Ahmed Ould TALEB atteint, d’après, lui d’un coup de « coupe-coupe » ; il était couché, dans une salle, avec un pansement au sparadrap, bandage sur la partie inférieure de la face au niveau de la joue et du menton.

Le procureur demanda : « où est ce coupe-coupe ? »

Les policiers répondirent qu’ils ne savaient.

L’officier de permanence de la base marine est également passé, à l’hôpital, en tenue civile, sans doute après la grande prière de ce jour de fête. Le père de Daouda lui a demandé une voiture, pour transporter le corps au cimetière. Mais l’ayant attendu en vain jusqu’à 11 heures, les parents se sont « débrouillés », pour conduire la dépouille à l’enterrement   

Amadou Bilali SOW déclare que, jusqu’à l’heure de son entretien avec Messieurs Mamadou Sarr et Boubacar Messaoud, dans la nuit du samedi au dimanche, de 23 heures 05 à 1 heure 10 le 23 janvier, ni l’officier de permanence, ni aucune autre autorité militaire de la base marine ou de la gendarmerie, ne s’est présenté à lui, pour quoi que ce soit.

Seuls de jeunes marins, de même classe que son fils, continuent à défiler, dans la maison, pour présenter les condoléances.

Quant aux quatre jeunes gens, d’abord témoins « volontaires », ils sont désormais arrêtés pour leur implication dans « les incidents » ; ils se trouvent, toujours, en garde à vue, au commissariat central, rappelle le père de Daouda.

Il ajoute que ce samedi, lendemain du meurtre, vers 18 heures 30, des policiers, à bord d’une Peugeot 505 immatriculée 794 WAE 87,  ont déposé, à l’endroit où se sont déroulé les incidents, un coupe-coupe et un gourdin, tout en continuant à circuler dans les parages, pour surveiller ses objets et empêcher quiconque d’y toucher.

Toujours selon lui, vers 19 heures, une Mercédès 190, immatriculée 3492 AE 00, est arrivée sur les lieux avec, à son bord, trois hommes, sans doute des policiers en civil, ainsi que l’un des quatre jeunes, placés en garde à vue au commissariat central de police ; seul le jeune est descendu de la voiture pour ramasser le coupe-coupe et le gourdin, avant de remonter dans le véhicule, reparti aussitôt.

Le dimanche la police a fermé le salon de coiffure, arrêté le coiffeur et l’a placé en garde à vue, avec les quatre jeunes.

Les détenus, tous négro africains sont :

  1. Alioune SOGNIANE

  2. Mohamadou Moussa SOW

  3. Mamoudou SY

  4. Alassane N’DIAYE

  5. Baaki, coiffeur de nationalité malienne.

Compte-tenu des précédents, jamais sanctionnés, d’homicides commis par les agents de l’Etat ou les civils d’origine arabo-berbère, contre des mauritaniens Hratine ou négro-africains, SOS Esclaves note, dans le cas présent, de fortes présomptions d’un meurtre exécuté, de sang froid, avec, de la part de l’auteur, le double sentiment d’infériorité de la victime et d’impunité de son propre geste.

Source de SOS Esclavage que je remercie au passage pour témoignage poignant

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